deletion › ft. matt

Brasier qui refusait de s'éteindre. Jusqu'au bout de ses doigts, elle le sentait la consumer. Brebis égarée, perdue dans un filet d'émotions qu'elle contrôlait plus. Chaque parcelle de son corps se retrouvait emporté dans ce tourbillon qui la dévastait intérieurement. Qui enveloppait son cœur d'une aura malfaisante, désagréable, inconnue. Qu'est-ce qu'il lui arrivait ? Qu'est-ce qui lui était arrivé ? Elle s'était sentit pourtant bien. Trop bien, peut-être. Elle n'avait pas fait assez attention, après ce fameux accident. Un accident qui, en fin de compte, lui aura tout coûté. Et, définitivement tourmentée, cette chose qui bouillonnait en elle tentait de prendre l'entier contrôle de son frêle être. Et elle ne savait pas comment l'arrêter. Elle ne savait simplement juste pas quoi faire. Tiraillée entre mille et uns sentiments. La peur. La crainte. Sa bienveillance qui se faisait bouffer par une colère qui commençait à la ronger lentement. Qui prendrait bientôt le dessus. Et qui se répercutait partout autour d'elle lorsqu'elle prenait le dessus.

Les voix dans sa tête, elles étaient par milliers. Elle s'en tapait une sacrée migraine, qui n'améliorait nullement sa condition. Cela faisait quelques jours qu'elle les avait quittés. Les X-Men. Sa famille. Parce-qu'elle avait essayé de leur faire du mal, contre sa volonté. Et qu'elle refusait de recommencer. Qu'allait-elle faire, désormais ? Elle n'avait plus de but dans sa vie. Elle avait absolument tout quitté. Elle avait décidé de laisser sa vie derrière elle. Les quelques jours ne lui ont pas permis de remettre plus d'ordre dans sa tête, tandis que le chaos demeurait. Les larmes aux yeux, constamment, et une douleur qui ne voulait pas s'arrêter. Qui lui faisait mal jusque dans ses membres.

Elle avait pu crécher dans un hôtel jusqu'à maintenant, virée alors que le peu d'argent qu'elle avait gardé sur elle s'était épuisé. Elle ne savait même pas où elle allait comme ça. Peut-être qu'il valait mieux s'éloigner de tout. De ces gens. De cette ville. De faire une croix sur qui elle était. De partir s'exiler bien loin de tout ça. Là où elle ne fera plus le moindre mal. Était-ce réellement ce qu'elle souhaitait ? A vrai dire, son véritable désir se résumait à ce que cette chose, cette étrange chose bien trop puissante pour elle, dégage. Elle ne se sentait plus elle même. Elle ne savait plus qui elle était. Ça lui retournait la tête, le cœur, incessamment. Et c'en était épuisant. « Hey, regardes devant toi quand tu marches ! » Une voix grinçante, ses pensées volatilisées, l'homme qu'elle venait de percuter malgré elle ne semblait pas avoir apprécié son comportement. Elle voulut l'ignorer, continuer son chemin, mais il l'attrapa par le bras. « Tu pourrais au moins t'excuser ! » Il ne lui inspirait pas confiance. A lui non plus. « Je vous déconseille de m'énerver. » Lui répondit-elle sèchement avant de dégager son bras. Il eut un sourire moqueur. Qu'est-ce qu'une aussi frêle femme pourrait bien lui faire ? Il n'eut même pas besoin, ni le temps, de lui répondre. Ses pensées, elle les connaissait déjà. Ce fut alors à son tour d'attraper le bras de son interlocuteur, et de le serrer aussi fortement qu'elle le pouvait. Ses yeux démontrèrent le brasier qui montrait en elle, et qui était prêt à exploser. Sa poigne se fit plus chaude, beaucoup plus chaude, peut-être au point où elle pourrait être capable de lui réduire son bras en cendres.

La tension montait aussi vite que la température qu'affirmait sa poigne. Température qui ne tardit pas à se transmettre dans tout l'avant-bras de l'inconnu, jusqu'à descendre dans toute la main, et remonter jusqu'à l'épaule. Elle aurait été capable de le brûler de l'intérieur, là et ici même. En plein jour, devant la foule quotidienne new-yorkaise. Et si autrefois elle n'aurait pas été capable de faire de mal à une mouche, elle était aujourd'hui possédée par ce démon, cette entité, qui usait d'elle comme hôte. Et qui trifouillait sa tête de toutes les manières possibles, quitte à ce que cela l'amène à répondre chaos, cendres et destruction autour de sa petite personne.

Dieu envoya un de ses hommes sauver ce pauvre malheureux. Peut-être pas Dieu, mais le sort en avait décidé autrement pour son interlocuteur. Un homme les percuta, et par réflexe la pression que la main de Jean exerçait sur la main de l'homme se détacha. Son bras retomba instantanément le long de son corps, et elle semblait reprendre ses esprits. Reprendre le contrôle. Le brasier qui s'était allumé dans son regard n'était plus, et ses yeux se détachaient de l'individu pour se poser sur le second, sur celui qui avait fait irruption dans leur altercation.

« Je suis vraiment désolé ! Je ne vous ai pas fait mal, j'espère ? » On protège les innocents, humains comme mutants. C'était une règle qu'elle avait appris au sein des X-Men. Ils ne faisaient pas leurs actes pour la gloire. Ils ne faisaient pas leurs actes pour amadouer les homos-sapiens. Ils étaient là pour prouver que les mutants n'étaient pas une mauvaise chose, et qu'ils pouvaient se rendre utiles pour l'humanité. Ce sont des principes que Jean semblait avoir oubliés jusqu'à aujourd'hui, depuis son fameux retour de l'espace.

L'interruption de l'inconnu lui avait permis de reprendre le dessus sur tout. Pendant l'espace de ces quelques minutes, elle en oublia presque l'entité. C'était comme si elle était redevenue elle-même. Mais l'autre se terrait pourtant encore là, quelque part en elle. Il s'était juste retiré. Mais pour la première fois depuis quelques jours, Jean se ressentait de nouveau elle-même. Elle se rappelait qui elle était. C'était comme si le premier homme n'existait plus pour elle. Comme si ce qui venait de se passer avait été effacé, comme si ça ne s'était jamais produit. Jean se hâta pour aider ce qui lui semblait, de toute évidence, être un malvoyant.

« Est-ce que vous allez bien ? » Elle lui retournait la question, sans même prendre l'initiative de répondre à la sienne. Jean pensait qu'il pouvait plus facilement arriver quelque chose à l'homme plutôt qu'à elle dans ce genre de situation. Afin d'être sûre, elle avait passé le bras de l'inconnu autour de son cou et tenait une main dans son dos pour qu'il puisse maintenir un minimum d'équilibre et qu'il ne tombe pas. Elle jeta un œil autour d'elle, vit un coin vert et remarqua un banc. « Vous voulez aller vous asseoir ? » Elle lui proposa. Peut-être qu'il était plus judicieux. Elle ne savait pas vraiment ce que ça faisait, d'être malvoyant. Elle ne l'était pas, et ne connaissait personne qui ne l'était. Elle préférait alors prendre ses précautions, ne pas le brusquer. Si seulement elle savait à qui elle avait à faire.