it was always you scott — (scemma)

C'était une de ces après-midi pluvieuses où le temps semblait s'être arrêté. Le ciel pleurait sa mélancolie diluvienne pour rafraîchir une atmosphère bien trop chaude et orageuse à supporter. L'été volé d'un cœur bien trop froid pour régner, la silhouette flavescente de la reine blanche en train d'observer le domaine de sa fenêtre, cigarette se consumant en même temps que ses sombres idées. Des diamants azurés qui scrutaient le parc noyé sous la pluie et les étudiants en train de courir pour s'abriter — pathétique vision d'un agglomérat avec lequel elle était forcé de coexister. Le mégot tâché de carmin qu'elle écrasait dans le cendrier avant de retourner du côté de son bureau pour se préparer à recevoir un patient bien particulier. D'une nature assez confiante et sûre d'elle, elle ressentait pour la première fois un étrange sentiment de nervosité à l'idée de devoir se retrouver face à lui. Scott Summers, le leader d'une équipe avec lequel elle ne savait toujours pas comment danser. Une figure emblématique de cette école, bien plus froid que les rayons enflammés qui faisaient de lui ce mutant damné au charisme si meurtrier. Hank avait insisté et la télépathe n'avait pas pu se résoudre à refuser au vu de sa situation bancale au sein de l'institut. Toutes les opportunités étaient bonnes à prendre pour s'intégrer et la perspective de venir fouiller la psyché du leader l'avait immédiatement charmée. Emma savait que depuis le départ de Jean, le co-directeur traversait une mauvaise passe dont elle n'était pas certaine de pouvoir l'aider. Les maux par les mots qu'elle allait devoir raviver en déversant du sel sur des plaies toujours pas cicatrisées. Son comportement avait changé depuis le départ du Phénix, tout avait changé. Elle ne pouvait pas voir le regard du mutant caché derrière sa paire de solaire, mais elle se faisait concrètement une idée de ce que à quoi pouvait ressembler le rutilant de rétines désabusées. Il errait dans cette académie comme une ombre, fuyant la chaleur ensoleillée de collègues qui auraient peut-être pu l'aider. Le cœur crevé, l'âme décomposée face au souvenir d'une rousse qui l'avait assassiné. Peut-être qu'elle pourrait l'aider à voir un peu plus clair en lui montrant le sentier lumineux d'un nouveau départ loin de son exil forcé sur cette route jonchée de regrets.

L'air conditionné était en panne, il faisait lourd dans le bureau de la télépathe qui avait déboutonné un peu son chemiser pour laisser respirer son décolleté. Soupire saccadé, rythme cardiaque au ralenti face à la chaleur qui venait l'accabler. Elle détacha son chignon pour libérer sa longue chevelure blonde alors qu'elle se levait pour ouvrir la fenêtre pour écouter la pluie bercer son esprit consumé par un désir complètement refoulé. Elle n'entendit même pas la porte s'ouvrir lorsqu'elle tomba sur le géant cyclope qui avait réussi à surprendre une télépathe. Légèrement décontenancée, elle passa sa main dans sa chevelure flavescente en faisant claquer ses talons aiguilles jusqu'à son bureau. « Bonjour Scott. » La mutante reprit aussitôt son air impérial en l'invitant à s'asseoir en lui désignant la chaise face à elle. Elle étudia rapidement l'apparence du bellâtre, le palpitant s'accélérant sans qu'elle ne puisse contrôler certaines de ses idées. Nul besoin de sonder l'esprit du leader pour comprendre qu'il était hanté par le fantôme d'une femme qu'il ne souhaitait pas laisser s'en aller. Elle croisa ses jambes et posa ses lunettes de vue sur son nez, prête à commencer cette séance et à se heurter aux songes torturés de cet homme qui venait étrangement la troubler. Le tonnerre éclata sans même faire sursauter la reine blanche qui fixait le trentenaire forcé à subir sa compagnie glacée, elle passa sa langue pour humidifier ses lippes avant de reprendre. « Je me doute que tu n'as nullement envie d'être ici, encore moins avec moi pour parler de Jean. Mais je suis la seule en mesure de pouvoir t'aider. Vas-tu collaborer ou je vais devoir t'arracher de force tes propres pensées ? » Professionnelle et dénuée d'empathie, elle ne comptait pas le ménager. Même si elle ne pouvait voir que son propre reflet dans les verres rubis de son interlocuteur, la télépathe ne dévisageait pas le mutant à qui elle allait arracher des mots qu'il le veuille ou non.