Le malaise s'était installé dans le bureau du nouveau directeur de l'Institut alors que Hank venait de réunir quelques membres du professorat et X-Men par extension. La question était pourtant simple. Qui accompagnera Emma Frost pour une mission bénigne, sans danger, une petite croisière en direction du Bronx où un petit mutant avait attiré l'attention d'un de nos télépathes ? La question avait semé le silence dans la pièce, rendant la tension palpable. Cela se voyait bien qu'aucun ne souhaitait faire part de leur réponse, de peur de s'incriminer devant les yeux du Directeur. Moi, je ravalais difficilement ma salive à cause d'un long pincement au cœur à l'encontre d'Emma. Était-ce une sorte de pitié ? Je ne saurais le dire. Dans tous les cas, il me peinait vraiment de la voir mise à l'écart par mes collègues, même ceux en qui j'ai une confiance aveugle. Le passé de la blonde leur faisait-il tant peur qu'il boudait la décision de Charles Xavier de l'intégrer aux X-Men ? Pourtant, l'Homme savait ce qu'il faisait, même dans ses dernières heures. Et s'il a jugé bon de rallier Emma à notre cause, alors c'est qu'elle est digne de confiance. Dès son arrivée à l'Institut, j'avais essayé de faire fi de ses actions passées et de son caractère explosif, et le courant était finalement bien passé. Parfois, avec un peu d'efforts, la balle est agréablement renvoyée. Pourtant, cela ne semblait pas être le cas avec les autres. «
J'irai avec elle. », poussais-je dans un soupire résolu quoiqu'un peu triste. Hank avait accepté en hochant de la tête et ensuite dispersé la réunion. J'aurais bien voulu passer un peu de temps avec Illyana, me racheter à ses yeux, mais le devoir m'appelait.
Me voilà donc, dans le garage, en train de faire un dernier point avec la voiture lorsque la princesse fait son entrée. Elle a des airs de royauté lorsqu'elle marche, comme si elle est aux commandes d'un pays entier. Elle est si confiante, c'en est parfois une source d'inspiration, vraiment. Le seul hic serait probablement le fait qu'elle rabaisse pas mal de monde, ce qui la rend souvent... moins attirante qu'elle n'en paraît. Personnellement, je touche du bois parce qu'elle se montre gentille, à sa façon. «
Hey Emma, Hank m'a assi- » Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'elle va droit au but, mais ça ne fait rien, je lui aurais proposé de conduire de toute façon. Et puis, elle fait son petit show que je ne comprends pas tout à fait et qui me met un poil mal à l'aise. Ce ne sont pas sensés être des gestes et des mots qu'on se dit
en couple ? Je suis du regard son doigt qui effleure mes pectoraux et relève la tête avec une pointe d'interrogation dans le regard. «
Ok... aucun problème. », dis-je en m'asseyant devant le volant. L'Institut a des bolides de compétition, mais j'essaye en règle générale de conduire raisonnablement, contrairement à certains comme Wolverine par exemple. S'il y a un code de la route, c'est pour le respecter. Je hoche de la tête, fronçant des sourcils à l'insulte soigneusement posée par Emma, puis fait ronronner le moteur. «
Tu sais, il est peut-être complètement perdu, je veux dire psychologiquement. Ce n'est pas facile à cet âge. », j'essaye de lui expliquer, calmement, certain qu'elle puisse comprendre la réaction du gosse.
(...)
Le voyage fut long mais confortable grâce à la climatisation et agréablement silencieux. Une fois garé, on peut enfin sortir de la voiture et se mettre à chercher ce Toby grâce aux pouvoirs psychiques de la blonde. Enfin, elle le repère dans l'immeuble qui nous fait face.
Et c'est parti.«
En effet, je ne me vois pas trop frapper un gamin Emma. » Pointe d'humour avant que vous ne réalisiez qu'il n'est pas seul.
Qu'est-ce que cela veut bien signifier ?Je grogne et monte rapidement les escaliers pour en avoir le cœur net. Cette mission d'extraction devait être simple, voilà qu'elle commence à se compliquer. Plus encore lorsque je vis la blonde partir dans les airs pour se fracasser contre un mur.
Ouch.
Je grogne encore plus et me transforme en Colossus par réflexe avant de voir la mutante psychique fuir et l'adolescent se changer en homme de pierre. Ce dernier a peur, cela se voit, et je préfère m'en occuper personnellement. Je mets mes deux bras à l'avant pour essayer d'attirer son attention et de le rassurer. «
Hey, hey... Toby c'est ça ? Écoute Toby, on ne veut pas vous faire de mal, au contraire, on est là pour vous aider. On fait parti des X-Men, tu connais ? » Je parie tout sur le fait qu'il en a déjà entendu parler, et de façon positive. Mais Toby, sous sa forme de pierre, n'a pas vraiment l'air de saisir et commence à charger. Je lâche un soupire, n'étant pas particulièrement impatient de devoir me battre avec un gamin. «
Toby... » Au moins, j'aurais prévenu. Je me prépare sur mes deux jambes à encaisser le choc entre le pierre et l'acier.
BAM.Je grimace alors que je tente d'arrêter Toby qui réussit quand même à me mettre dos au mur. Malheureusement pour lui, je suis ceinture noire au judo, et lui fait une prise qui le met à terre, de façon assez brusque. La douleur semble l'avoir quelque peu sonné car le monstre disparaît pour redevenir le Toby sous forme humaine. «
Désolé Toby pour t'avoir fait mal, mais tu fais beaucoup de dégâts sous ta forme mutante, tu sais ? » Mais il n'a pas l'air de trop savoir justement. C'est peut-être pour cela qu'il a fui, parce qu'il ne sait pas, il ne sait rien. «
On peut en parler... calmement si tu veux. », je lâche un peu plus doucement. Un lien fragile mais présent semble se tisser, et Toby a l'air de vouloir coopérer. Je me dégage donc de lui pour le laisser respirer. «
Respire. » Et quand tout danger semble lointain, je redeviens Piotr Rasputin. Le changement organique semble beaucoup l'impressionner. «
La même chose t'arrive à peu près tu sais, sauf que tu transformes tes tissus organiques en pierre et non en acier. » La peur revient directement luire dans ses prunelles et il me faut reprendre rapidement le contrôle pour ne pas me retrouver à nouveau sous sa masse rocheuse. «
Mais tu peux contrôler tout ça. Si j'y arrive, alors tu peux le faire aussi. » Je vais enchaîner sur de grands discours lorsqu'un bruit attire mon attention. «
C'est sûrement Emma, ma collègue, tu n'as rien à craindre. », toujours à l'intention de Toby.